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Résumé : L’impact du tourisme sur le réchauffement climatique : entre opportunités et défis
Le secteur du tourisme, bien que représentant une part significative du PIB et de l’emploi, a un coût environnemental considérable. En France, en 2022, les émissions de CO2 liées au tourisme ont atteint 97 millions de tonnes, représentant 11% des émissions nationales. La mobilité des touristes, notamment par transport aérien, est la principale source de ces émissions. En outre, le tourisme entraîne des impacts environnementaux tels que la surconsommation de ressources, la gestion des déchets et des effets néfastes sur la biodiversité. Bien que le secteur puisse jouer un rôle dans la lutte contre le changement climatique, il reste nécessaire de rééquilibrer les flux touristiques pour réduire les pressions sur certaines régions. La déclaration de Glasgow et les engagements pris par divers acteurs soulignent la nécessité d’une décarbonation, mais sans cadre juridique obligatoire, l’efficacité de ces initiatives pourrait être limitée.
Le secteur du tourisme, bien que porteur d’opportunités économiques et sociales, constitue également un enjeu majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique. Avec des émissions de gaz à effet de serre (GES) en forte augmentation, il devient urgent d’analyser cet impact tout en identifiant les mesures correctives possibles. Cet article explore les enjeux environnementaux liés au tourisme, met en lumière les défis qu’il pose, mais aussi les opportunités qu’il pourrait offrir dans la lutte pour un développement durable.
Quel est l’impact du tourisme sur le climat ?
La reprise fulgurante du tourisme international, après la crise sanitaire mondiale, a mis en exergue la réalité de son impact écologique. En 2022, le secteur touristique en France a généré environ 97 millions de tonnes de CO2e, équivalent à l’empreinte carbone annuelle de 10 millions de personnes. Cette situation soulève des préoccupations majeures, notamment en ce qui concerne les émissions directes sur le territoire français, estimées à 46 millions de tonnes de CO2e, représentant ainsi 11% de l’inventaire national des émissions.
Un secteur gourmand en énergie
Comparativement à sa contribution au PIB, qui représente environ 4%, le tourisme apparaît comme un secteur plus intensif en GES, ce qui souligne la nécessité d’une évaluation rigoureuse de ses pratiques. Le transport des touristes, en particulier, est responsable d’une part significative des émissions, s’illustrant ainsi comme un axe prioritaire de travail pour la réduction de l’empreinte carbone.
Les impacts environnementaux au-delà du climat
En plus des émissions de GES, le tourisme génère des défis environnementaux variés. La surconsommation de ressources, comme l’eau, l’énergie et les matériaux, se fait souvent ressentir dans des zones où les activités touristiques sont concentrées. Par exemple, dans des territoires à stress hydrique, les ressources en eau sont prélevées à un rythme insoutenable, entraînant des conséquences désastreuses sur la disponibilité de cette ressource pour les populations locales et l’écosystème environnant.
Les déchets générés par le tourisme
Le tourisme contribue également à une production massive de déchets, souvent mal gérés. En mer Méditerranée, par exemple, la dégradation du patrimoine naturel est exacerbée par les résidus des activités touristiques, dont une augmentation des déchets plastiques de 40% en haute saison. Ces déchets ont des conséquences néfastes sur la biodiversité marine et terrestre, anéantissant les efforts de conservation de nombreuses espèces.
Pollution des eaux et des sols
Par ailleurs, la pollution des eaux et des sols est une préoccupation croissante, où le rejet excessif d’eaux usées dans des régions excédant leur capacité d’accueil touristique se multiplie. Des exemples comme l’île de Boracay aux Philippines, qui a dû fermer ses portes aux touristes pendant six mois pour remédier à cela, soulignent ces défis. Les impacts sur la biodiversité, dû à l’urbanisation et à l’industrialisation des sites touristiques, ne doivent pas être sous-estimés, car cette fragmentation des habitats menace l’équilibre des écosystèmes.
Le tourisme et les populations locales
Si le tourisme est souvent perçu comme un vecteur de développement économique, il peut aussi engendrer des impacts sociaux délétères. La forte dépendance économique à cette industrie, notamment dans certaines régions, provoque des tensions, telles que la hausse des prix de l’immobilier, la perte d’identité culturelle, et la dégradation de la qualité de vie des résidents.
Répartition inégale des flux touristiques
La répartition inégale des flux touristiques accentue ces inégalités. En France, par exemple, 80% de l’activité touristique se concentre sur seulement 20% du territoire national, laissant plusieurs régions exsangues économiquement et souffrant des effets de l’« overtourisme ». Ceci nécessite un appel à un rééquilibrage afin de garantir une répartition harmonieuse des bénéfices du tourisme tout en minimisant les impacts environnementaux.
Les principaux postes d’émissions du tourisme
Environ 70% des émissions du secteur proviennent de la mobilité des touristes. Le transport aérien, en particulier, constitue un tiers du total des émissions, en raison des distances importantes à parcourir et de sa forte intensité carbone. Les visiteurs non-européens, bien que représentant seulement 3% des arrivées, génèrent 20% des émissions, principalement en raison de leur plus grande intensité d’émissions par nuitée.
Mobilité des touristes
En particulier, le transport terrestre, dont la voiture représente environ 33% des émissions, se doit d’être décabroné. Les comportements des touristes, notamment la préférence pour l’usage de la voiture, aggravent cette situation, soulignant l’urgence d’actions ciblées pour réduire l’empreinte carbone des déplacements.
Hébergement et restauration
L’hébergement, la consommation de biens et l’alimentation sont sources de 25% des émissions du secteur. La prise en compte de ces éléments pour un développement durable est cruciale afin de minimiser l’empreinte carbone totale du tourisme. En intégrant des pratiques responsables dans ces secteurs, des gains environnementaux notables peuvent être réalisés.
Vers une décarbonation du secteur touristique
Pour respecter les accords de Paris, le secteur touristique doit se décarboner. L’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) souligne l’importance de réduire les émissions, bien qu’aucun objectif de décarbonation n’ait encore été fixé. En effet, l’OMT anticipe une augmentation des émissions de transport de 25% d’ici 2030, mettant en exergue l’urgence d’une mobilisation sectorielle.
Les engagements pour la neutralité carbone
La Déclaration de Glasgow, adoptée lors de la COP26, représente une avancée significative en engageant plus de 850 organisations à réduire de moitié leurs émissions d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cependant, ces engagements demeurent volontaires et manquent d’un cadre juridique, ce qui limite leur efficacité réelle.
L’absence de stratégie nationale spécifique
En France, le secteur touristique ne bénéficie pas d’une trajectoire spécifique au sein de la Stratégie Nationale Bas Carbone, reliant son sort à des initiatives individuelles et collectives. Le secteur devra urgentement trouver un cadre stratégique pour collaborer efficacement avec d’autres secteurs dans une optique de réduction des GES.
Conséquences du changement climatique sur le tourisme
Le changement climatique aura des répercussions directes sur le secteur touristique. L’attractivité des destinations, fortement tributaire des conditions climatiques, est déjà affectée. Des lieux traditionnellement prisés, comme les stations de sport d’hiver, font face à une diminution de leur enneigement, augmentant l’incertitude de leurs activités économiques à l’avenir.
Changement dans les tendances de fréquentation
Des destinations estivales confrontées à des vagues de chaleur plus fréquentes sont également à risque de voir leur fréquentation diminuer, au profit de lieux plus cléments. Les prévisions suggèrent que le Royaume-Uni et la Scandinavie pourraient s’imposer comme des destinations de choix face à ces transformations.
Interdépendance avec d’autres secteurs
Les activités touristiques dépendent également d’autres secteurs, tels que le transport, lequel sera lui-même affecté par les mutations environnementales. Tous modes de transport, notamment routiers et aériens, doivent anticiper les conséquences du changement climatique, obligeant leurs acteurs à repenser leurs stratégies.
Les vacances comme un moment polluant
Afin de mieux comprendre l’impact carbone des vacances, il est important de comparer l’empreinte des activités touristiques à celle du quotidien. En moyenne, un Français émet environ 10 tonnes de CO2e par an, soit environ 27 kg de CO2e par jour. Cependant, cet impact fluctue significativement en fonction du type de vacances.
Exemples d’empreinte carbone
Un séjour d’une semaine à New-York, par exemple, peut entraîner une empreinte de 2,1 tonnes de CO2e, soit environ 300 kg de CO2e par jour, alors qu’un voyage en voiture de cinq jours dans sa région pourrait générer environ 160 kg de CO2e, soit 32 kg de CO2e par jour. Ces chiffres soulignent l’impact considérable que peuvent avoir les vacances sur le bilan carbone individuel.
Les enjeux de la transition vers des vacances durables
Pour concilier les plaisirs des vacances avec les impératifs de réduction des émissions, il est essentiel de repenser nos modes de vacances. L’intégration de réflexions sur les trajets, l’hébergement et la consommation de biens pendant les séjours est cruciale. La recherche de destinations moins connues peut également contribuer à réduire la pression exercée sur les lieux fragiles.
Routes vers un tourisme responsable
Adopter des pratiques responsables est nécessaire pour respecter les objectifs fixés par l’Accord de Paris. Des choix délibérés concernant les moyens de transport, tels que privilégier les voies terrestres plutôt qu’aériennes, et opter pour des hébergements écoresponsables peuvent contribuer à réduire l’empreinte carbone du tourisme, engageant ainsi l’ensemble du secteur dans une trajectoire durable.
Mobilisation du secteur touristique
Enfin, une mobilisation des acteurs du tourisme, passant par une formation et une sensibilisation aux pratiques durables, est essentielle. En collaborant avec les communautés locales et d’autres secteurs, le tourisme peut devenir un catalyseur pour un changement positif, engageant les touristes et les professionnels dans une démarche commune vers un avenir durable.
Pour en savoir plus sur comment alléger votre empreinte carbone durant vos vacances, consultez des astuces telles que celles proposées dans cet article. Découvrez également des destinations exemplaires comme le Panama, qui affiche un bilan carbone négatif, ou explorez le rôle des forêts dans ce cycle mondial.
Le secteur du tourisme, bien que générateur d’importantes retombées économiques, a des conséquences notables sur le réchauffement climatique. En France, les émissions de gaz à effet de serre liées au tourisme s’élevaient à 97 millions de tonnes de CO2e en 2022, représentant environ 11% de l’inventaire national d’émissions. Cette situation soulève des questions quant à la manière dont le tourisme peut évoluer pour devenir plus respectueux de l’environnement.
Une première opportunité réside dans le potentiel de transformation que le secteur peut apporter. En mettant en œuvre des pratiques durables et en adoptant un modèle de tourisme écologiquement responsable, il est possible de réduire les émissions de CO2 tout en préservant l’attrait des destinations. Par exemple, des initiatives telles que le développement d’énergies renouvelables pour l’hébergement et les transports peuvent diminuer l’empreinte carbone des voyages.
Cependant, le défi est de taille. Les activités touristiques engendrent une surconsommation de ressources, notamment en ce qui concerne l’eau et l’énergie. Dans certaines régions vulnérables, comme le Bassin méditerranéen, les activités de loisirs s’accompagnent d’une consommation excessive d’eau, aggravant les stress hydriques. Il est essentiel d’encadrer ces activités pour éviter de compromettre les écosystèmes locaux.
Un autre obstacle à franchir est la gestion des déchets. Avec l’augmentation des flux touristiques, des quantités croissantes de déchets mal gérés polluent les milieux naturels, comme le prouve la dégradation de la mer Méditerranée. Sensibiliser les touristes à des choix de consommation responsables, y compris la réduction des plastiques à usage unique, pourrait contribuer à atténuer cet impact.
Il est aussi crucial de considérer l’impact social du tourisme. Si ce dernier peut créer des emplois et dynamiser l’économie locale, il peut également générer des tensions, comme la hausse des prix de l’immobilier qui affecte les résidents. Favoriser un tourisme durable, qui bénéficie aussi bien aux visiteurs qu’aux communautés locales, est une des clés pour harmoniser les relations entre toutes les parties prenantes.
En somme, le tourisme présente à la fois des défis et des opportunités dans la lutte contre le réchauffement climatique. En intégrant des pratiques durables, le secteur peut devenir une force positive pour l’environnement, tout en assurant des bénéfices économiques et sociaux pour les régions visitées. C’est un équilibre délicat à trouver, mais nécessaire pour un avenir durable et respectueux de notre planète.