L’Ademe relativise l’impact du numérique sur la diminution de l’empreinte carbone
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EN BREF
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Une récente étude menée par l’Ademe souligne que, bien que les technologies numériques offrent des bénéfices environnementaux dans certains domaines, leur impact sur la diminution de l’empreinte carbone est limité et peut même être compromis par plusieurs facteurs. L’analyse de cinq cas d’usage, tels que le télétravail et l’optimisation des lignes électriques, révèle que les gains réalisés en matière de réduction des émissions peuvent être annulés par une dépendance accrue aux ressources naturelles ainsi que par des effets indésirables, tels que l’« effet rebond ». En particulier, le secteur numérique, qui représentait 2,5 % de l’empreinte carbone française en 2020, a vu cette part augmenter à 4,4 % en 2024, soulignant ainsi la nécessité d’actions plus profondes pour gérer son impact environnemental.
Une récente étude menée par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) met en lumière les vulnérabilités et les limites de l’impact environnemental du numérique. Bien que ce secteur semble offrir des perspectives d’économie d’énergie et de réduction de l’empreinte carbone, l’ADEME pointe des bénéfices modestes et plusieurs risques qui pourraient annuler ces gains. Les enjeux liés aux matières premières, à l’effet rebond ainsi qu’à la nécessité d’une approche intégrée de la transition écologique sont également détaillés dans cette analyse.
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ToggleContexte actuel de l’empreinte carbone du numérique
La question de l’empreinte carbone générée par les activités numériques se pose avec une acuité croissante, surtout dans un contexte de changement climatique mondial. En France, l’ADEME a réalisé une mise à jour de son étude sur l’impact du numérique, révélant que ce secteur représente désormais 4,4% de l’empreinte carbone nationale, contre 2,5% précédemment. Ce changement souligne l’importance d’une analyse minutieuse des répercussions environnementales des nouvelles technologies.
Étude IT4Green et ses résultats
Dans le cadre de ses recherches, l’ADEME a initié l’étude IT4Green, commandée par le gouvernement français, visant à éclairer les bénéfices environnementaux potentiels du numérique. Cinq cas d’usage ont été analysés : le télétravail, l’externalisation de la gestion des pneus des transporteurs routiers, l’éclairage public, l’optimisation des lignes électriques à haute tension et l’utilisation d’outils numériques pour la fertilisation des sols agricoles.
Bilan global favorable mais précautionneux
Les résultats de cette étude rendent compte d’un bilan climatique généralement favorable pour ces usages, notamment grâce à une réduction de la consommation de carburant dans le cadre du télétravail. Néanmoins, les auteurs de l’étude insistent sur le fait que cette contribution, bien que positive, est modeste. Par exemple, elle représente seulement 2 à 4% de la décarbonation du parc automobile, un chiffre qui est appelé à diminuer avec l’électrification croissante des véhicules.
Les risques liés à l’utilisation des technologies numériques
Malgré les apports potentiels du numérique, l’ADEME met en lumière deux risques majeurs qui pourraient annuler ces bénéfices : l’augmentation de la dépendance aux ressources et l’effet rebond.
Dépendance accrue aux métaux et minéraux
Le premier risque lié à la montée du numérique est l’augmentation de la dépendance aux ressources en métaux et minéraux. Ces matières premières sont souvent importées et leur extraction génère des impacts environnementaux considérables. En effet, les outils numériques, tout en contribuant à l’efficacité des opérations, accroissent le besoin de nouveaux équipements et, par conséquent, de métaux rares nécessaires à leur production.
Effet rebond
Le second risque, souvent moins visible mais tout aussi préoccupant, est l’effet rebond. Ce phénomène se manifeste lorsque les économies réalisées grâce au numérique conduisent à une augmentation de la consommation dans d’autres secteurs. Par exemple, si le délégation de la gestion des pneus des transporteurs à un manufacturier permet d’éviter l’émission de 1,6 million de tonnes de CO2 sur 13 ans, une hausse d’à peine 1 % des kilomètres parcourus pourrait annuler cette avancée.
Exemples concrets de bénéfices limités
Les résultats de l’étude IT4Green montrent des exemples où les technologies numériques, malgré des promesses ambitieuses, affichent des bénéfices limités. Lorsqu’on examine les systèmes d’éclairage public, par exemple, il apparaît que les solutions « low tech », comme les minuteries ou les détecteurs de présence, sont généralement plus respectueuses de l’environnement que les systèmes connectés. Ces derniers, bien qu’innovants, entraînent souvent une consommation d’énergie accrue due à la création de nouveaux services.
Vers une transition écologique intégrée
Les propos de Erwann Fangeat, l’un des auteurs de l’étude, soulignent l’importance d’adopter une vision holistique et réaliste des technologies numériques dans la lutte contre le changement climatique. « Cette étude nous oblige à dépasser le mythe d’une unique solution numérique miracle », explique-t-il, plaidant pour une approche qui inclut des investissements dans des efforts de décarbonation et d’économies de ressources beaucoup plus profonds et diversifiés.
Les limites des solutions numériques
Les bénéfices environnementaux associés à l’adoption de solutions numériques sont souvent plus asymptotiques qu’assurés. Ces technologies ne représentent qu’un outil parmi tant d’autres dans la quête d’un futur durable. L’ADEME, dans ses analyses, met en avant la nécessité d’une mise en question des infrastructures et des services numériques, ainsi qu’une régulation appropriée pour en maximiser l’impact bénéfique tout en minimisant les risques environnementaux.
Conclusion temporaire sur les résultats de l’ADEME
En somme, l’étude de l’ADEME n’élude pas les avancées que le numérique peut apporter, mais elle appelle à un examen critique de ses véritables atouts environnementaux. Les solutions numériques, même si elles peuvent contribuer à une amélioration de l’efficacité énergétique, doivent être contextualisées et complétées par d’autres initiatives dans le cadre d’une stratégie de transition écologique plus large. S’appuyer uniquement sur les outils numériques serait une erreur ; une approche intégrée impliquant plusieurs leviers d’action est indispensable pour atteindre les objectifs de décarbonation.
Témoignages sur l’impact limité du numérique
Une récente étude de l’Ademe a mis en lumière le rôle modeste du numérique dans la réduction de l’empreinte carbone, tout en soulevant des questions cruciales sur la durabilité des solutions proposées. Dans ce contexte, des experts partagent leur vision.
« Les bénéfices environnementaux des technologies numériques sont souvent vantés, mais il est essentiel de reconnaître leurs limites », déclare un responsable d’une ONG écologique. « Les promesses de décarbonation grâce au numérique doivent être mises en perspective avec notre dépendance accrue aux ressources minérales. »
Un chercheur en sciences environnementales souligne que « si le télétravail peut réduire la consommation de carburant, cette économie est déjà limitée. Avec l’électrification croissante des véhicules, l’impact du télétravail sur la décarbonation du parc automobile sera de moins en moins significatif. »
De son côté, un technologue averti affirme : « L’usage de solutions connectées pour l’éclairage public, par exemple, crée plus de problèmes qu’il n’en résout. Les systèmes low tech, comme les minuteries, sont souvent plus efficaces et moins consommateurs d’énergie. »
Un économiste spécialisé en transition écologique remarque qu' »il existe un risque d’effet rebond, où les économies réalisées par le numérique peuvent inciter à une consommation plus élevée. C’est là un paradoxe inquiétant qui pourrait annuler les bénéfices initiaux. »
Pour illustrer ces propos, un entrepreneur du secteur du transport explique : « Déléguer la gestion des pneus à des fabricants via un abonnement pourrait permettre d’éviter l’émission de millions de tonnes de CO2, mais une légère augmentation des kilomètres parcourus suffirait à annuler cet avantage. »
Ces témoignages mettent en avant la nécessité d’adopter une approche plus nuancée et critique vis-à-vis des technologies numériques et de leurs réels impacts sur l’environnement.

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