La grande distribution exige une transparence accrue sur l’empreinte carbone des produits

La grande distribution en France s’engage à renforcer la transparence concernant l’empreinte carbone de ses produits. Neuf grandes enseignes ont collaboré pour développer une plateforme dédiée à la collecte de données sur les émissions de gaz à effet de serre générées par leurs fournisseurs. Cette initiative vise à mieux évaluer les émissions indirectes et à informer les consommateurs sur l’impact environnemental des produits qu’ils achètent, répondant ainsi à une demande croissante pour plus de responsabilité ecologique dans le secteur.

Face à la montée des préoccupations environnementales, la grande distribution en France s’engage fermement dans une démarche visant à obtenir une transparence accrue concernant l’empreinte carbone des produits qu’elle propose. Neuf grandes enseignes se sont unies pour développer une plateforme permettant de collecter des données sur les émissions de gaz à effet de serre liées à leurs produits, notamment ceux issus de l’agriculture. Cette initiative représente un pas important vers une consommation plus responsable et un impact écologique réduit.

Les origines de l’initiative

Depuis plusieurs années, le secteur de la grande distribution a éprouvé des pressions croissantes de la part des consommateurs, qui exigent plus de transparence sur les produits qu’ils achètent. En réponse à ces attentes, les principales enseignes ont décidé de travailler ensemble pour créer une plateforme dédiée à la collecte des données sur l’empreinte carbone de leurs fournisseurs. L’initiative, lancée sous l’égide de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) et de Periphem, vise à relever le défi du scope 3 des émissions de gaz à effet de serre, qui représente une part significative de l’empreinte carbone totale des entreprises.

Comprendre le scope 3

Le scope 3, également désigné comme les émissions indirectes, inclut l’ensemble des émissions générées par les activités des entreprises, mais qui ne relèvent pas directement de leurs opérations. Dans le cas de la grande distribution, ces émissions proviennent principalement de la fabrication, du transport, et de la distribution des produits. Une étude du cabinet McKinsey publiée en 2022 a révélé que 96 % des émissions totales de gaz à effet de serre dans le secteur de la grande distribution étaient attribuées à ce scope 3. Pour réduire cette empreinte, les enseignes doivent collaborer étroitement avec leurs fournisseurs afin de recueillir et d’analyser des données fiables.

Les défis de la collecte de données

Au début du projet, l’objectif était de collecter des données directement liées aux produits. Cependant, des défis ont rapidement surgi. Les méthodes de calcul disponibles dans l’industrie étaient, à l’époque, encore peu matures, rendant cela impossible. Pour contourner ces obstacles, les responsables du projet ont décidé de collecter les données carbone au niveau de l’entreprise plutôt qu’au niveau du produit. Cela ouvre la porte à une collecte plus large et à une mise en œuvre plus efficace du projet, tout en respectant le droit de la concurrence.

Un cadre juridique solide

La création de cette plateforme a nécessité un cadre juridique solide pour garantir à la fois la confidentialité des données et la conformité aux réglementations en vigueur. L’Autorité de la concurrence a joué un rôle clé en validant cette initiative, assurant qu’elle ne poserait pas de risques significatifs en matière de concurrence. Cette approbation est essentielle pour établir une base de confiance parmi les acteurs impliqués, qu’ils soient distributeurs ou fournisseurs.

Favoriser l’engagement des fournisseurs

Afin d’attirer un maximum de fournisseurs sur la plateforme, il a été décidé que ceux qui n’ont pas encore de bilan carbone seraient accueillis gratuitement. Celles et ceux qui souhaitaient partager leurs données n’auraient à payer un droit d’accès qu’en fonction de leur chiffre d’affaires. C’est un moyen efficace d’acculturer les entreprises à des pratiques durables tout en les incitant à s’engager activement dans la démarche de décarbonation. Actuellement, 150 acteurs ont déjà rejoint la plateforme, mais une grande marge de développement reste visible.

L’importance des données fiables

Pour garantir la réussite de ce projet, il est crucial d’obtenir des données fiables de la part des fournisseurs. Ces données doivent être précises et vérifiables pour assurer une véritable transparence. Les enseignes de la grande distribution doivent s’assurer que les informations fournies sont non seulement exactes, mais qu’elles peuvent également être utilisées pour orienter les décisions d’achat des consommateurs. Cela nécessite une coopération étroite et permanente avec tous les acteurs des chaînes d’approvisionnement.

Le rôle d’un tiers de confiance

Pour garantir l’intégrité des données et la protection des informations sensibles, un « tiers de confiance » a été désigné pour fournir le logiciel nécessaire à la plateforme. Ce choix est crucial pour assurer que les données soient traitées de manière sécurisée et impartiale. Ce degré de séparation entre les données commerciales et leurs utilisateurs finit par renforcer la confiance des fournisseurs, qui peuvent ainsi partager leurs informations en toute sécurité.

Les retombées économiques

Au-delà des enjeux environnementaux, la mise en œuvre de cette plateforme doit également prendre en compte les implications économiques qu’une décarbonation pourrait avoir sur la chaîne d’approvisionnement. Les frais engagés pour réduire l’empreinte carbone peuvent être considérables. Par exemple, une estimation suggère que réduire de 25 % l’impact en carbone des 2000 coopératives pourrait entraîner des coûts supplémentaires de 800 millions d’euros par an. Ces considérations économiques doivent être intégrées dans le dialogue entre les différents acteurs du secteur.

Le partage des coûts de décarbonation

Bien que le centre d’attention soit sur la collecte de données, les enjeux financiers associés à la décarbonation seront un sujet incontournable lors de négociations commerciales futures. Le Comité des parties prenantes a pour mission d’accompagner cette initiative et d’assurer un dialogue structuré entre les industriels et les distributeurs. Ces discussions seront essentielles pour établir comment les coûts liés à la transition énergétique seront partagés équitablement entre tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement.

L’avenir du secteur de la grande distribution

Avec cette initiative portée par la grande distribution, on pourrait assister à une transformation radicale du secteur. Les consommateurs sont de plus en plus soucieux de l’impact environnemental des produits qu’ils achètent. En fournissant des informations claires sur l’empreinte carbone, les enseignes renforcent non seulement la confiance des consommateurs, mais contribuent également à un changement de comportement en faveur d’une consommation plus responsable. Les acheteurs sont désormais de plus en plus informés et prennent conscience de l’influence de leurs choix sur l’environnement.

Conclusion : vers une consommation responsable

En intégrant des méthodes de collecte de données sur l’émission de carbone à leur fonctionnement, les enseignes de la grande distribution posent les bases d’une consommation plus responsable. Ces efforts, bien qu’encore à un stade précoce, témoignent d’une volonté de changement et d’une ambition d’aider à la création d’un avenir plus durable.

Témoignages sur la Transparence Carbone dans la Grande Distribution

Dans un contexte où la transition écologique est plus que jamais nécessaire, les enseignes de la grande distribution se montrent déterminées à améliorer leur empreinte carbone. Nombreux sont ceux qui soulignent l’importance d’une transparence accrue concernant l’impact environnemental des produits qu’ils proposent.

« Nous sommes de plus en plus nombreux à demander des informations claires et précises sur l’empreinte carbone des produits que nous achetons. En tant que consommateurs, nous souhaitons pouvoir faire des choix éclairés pour favoriser des options plus durables », témoigne Marie, une cliente fidèle d’un grand supermarché.

De son côté, Julien, un acheteur dans le secteur alimentaire, partage ses préoccupations : « Il est impératif que les enseignes s’engagent réellement dans une démarche de responsabilité environnementale. L’évaluation de l’empreinte carbone est une étape clé pour garantir la durabilité des produits que nous consommons. »

« En réunissant les données sur l’empreinte carbone des fournisseurs, nous contribuons à forger un système plus transparent et responsable », déclare Philippe, directeur d’une chaîne de magasins. Il ajoute que cette initiative pourrait renforcer la confiance des consommateur et changer leurs habitudes d’achat.

Tandis que certains acteurs de la distribution saluent cette avancée, d’autres, comme Claire, responsable de communication dans une coopérative agricole, soulignent la nécessité d’une coopération plus étroite. « La collecte de données fiables est essentielle, mais il faut aussi que les coûts de la décarbonation soient partagés équitablement entre tous les partenaires, » insiste-t-elle.

Pour terminer, Paul, un ancien employé d’une grande enseigne, exprime son enthousiasme face à ces changements : « C’est un tournant pour la grande distribution. Beaucoup d’entreprises prennent enfin conscience de leur impact sur l’environnement et commencent à agir. Ce changement est à la fois nécessaire et salutaire pour notre planète. »